Dans les systèmes ouverts que sont devenues les organisations matricielles "non régulées" ou en réseau, savoir dire non est devenu une nécessité.
Savoir dire Non n’est, en réalité, pas si facile que cela à mettre en œuvre. Notre système cognitif a été, en effet, largement récompensé dans d’autres compétences, à l’évidence moins adaptées. On peut prendre pour exemple "le perfectionnisme". "Faire les choses avec le plus d’application possible" constituait, dans le passé, un signe de professionnalisme.
Compte tenu de la rapidité exigée par la plupart des clients, il faut se résoudre à faire dans le meilleur des cas de "la juste qualité". Nombreux sont les professionnels aujourd’hui qui ressentent avec amertume le décalage entre leur aspiration à un certain niveau de qualité et ce qu’ils produisent, compte tenu des délais imposés.
Demander simultanément d’agir vite et de faire très bien les choses est une exigence qui relève pratiquement de l'impossible. Cela constitue ce que
Gregory Bateson, psychiatre, a appelé une injonction paradoxale. C’est précisément ce qui peut rendre "l’autre fou". "Je vous ordonne de vous exprimer librement" est un autre exemple d’injonction paradoxale.
Ces injonctions prolifèrent de façon importante dans des organisations "non conscientes". C’est évidemment un facteur de stress pour les salariés car il est difficile de faire la même chose et son contraire.
Il est clair, en tout cas, que certaines qualités qui étaient appréciées hier, deviennent secondaires aujourd’hui et parfois même objet de mépris.
Pour adapter notre système cognitif au nouvel environnement complexe auquel nous sommes confrontés, il faut donc commencer par désapprendre et actualiser d’autres compétences qui étaient auparavant potentialisées.
La première fonction à laquelle nous devons renoncer est la volonté de vouloir tout faire, tout de suite, tout seul puisque, comme nous l'avons montré dans la lettre précédente, il y a plus de choses à faire que de temps et d'énergie disponibles.
Pour cela,
la Matrice d'Eisenhower un premier appui. C’est un premier outil de "désaliénation" mais cela doit s’accompagner de la capacité à savoir dire non.